Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’ICO, il s’agit d’un organisme sans but lucratif qui s’est structuré sous la gouverne de huit fondateurs spécialisés en éthique, en gouvernance et en saine gestion. Il s’est donné pour mission de « contribuer au développement et à la promotion d’un climat de confiance dans les organisations et dans la société québécoise. » (1)

Quel est le lien avec le secteur financier québécois?

Le premier élément d’intérêt est la caractérisation de l’environnement actuel dans lequel oeuvrent notamment les sociétés de placement et les conseillers.

Lors du Sommet, la firme Edelman a présenté son « Baromètre de confiance 2017 ». Ce sondage annuel, en ligne, réalisé dans 28 pays depuis 17 ans, est devenu une référence en matière de mesure de la confiance envers les entreprises, les gouvernements, les médias et les organisations non gouvernementales (ONG). Il en ressort un déclin généralisé de la confiance et une perception que le système a échoué (54%). On peut noter une croissance de l’écart de confiance 9 à 15 points depuis 2012. (2)

Fait intéressant, le Canada fait maintenant partie des pays ou la méfiance remplace la confiance et le Québec est au diapason de ces résultats.

Selon l’ICO, le niveau de confiance envers l’ensemble des métiers a été à plus de 65% en 2002 et a chuté à moins de 51% en 2013. Pour les gens d’affaires, il est à 30%. (3)

Est-ce une surprise?

Eh bien non! L’industrie des services financiers, longtemps caractérisée par la parole donnée et la poignée de main, a été l’un des premiers secteurs à vivre une crise de confiance majeure et abondamment médiatisée au début des années 2000. Rappelons Bre-X, Norshields, Norbourg, Carole Morinville, sans oublier Earl Jones, qui était pourtant un cas de pratique illégale.

Malgré cela, toute l’industrie a été éclaboussée et dans un tel contexte, plusieurs se souviendront qu’expliquer ou nuancer était fort difficile, sinon impossible. Et pourtant, la confiance est au cœur de cette industrie puisqu’elle s’adresse directement à l’essence de la vie des investisseurs en leur procurant des services qui visent à leur permettre de réaliser leurs objectifs et pourquoi pas, leurs rêves.

Et à l’heure actuelle?

Même si ce ne sont plus les professionnels de l’industrie des services financiers qui sont sur la sellette… Pensons ici à ceux du secteur de la construction, et plus récemment aux ingénieurs, aux avocats et aux comptables, la crise de confiance est relativement généralisée comme l’indique le sondage présenté.

Est-ce à dire que tout est perdu?

La note positive du Sommet est que la confiance perdue peut se retrouver, mais que le chemin pour y parvenir est ardu. Les réflexions s’articulent maintenant sur le comment la rétablir et non sur sa pertinence. Ce rétablissement passe par des actes et des accomplissements qui reposent sur des valeurs de base : le respect, l’intégrité, la transparence, l’excellence et le courage. (4)

Ces valeurs peuvent-elles se retrouver dans le secteur?

Le Document de consultation 33-404 des Autorités canadiennes en valeurs mobilières « Propositions de rehaussement des obligations des conseillers, des courtiers et des représentants envers leurs clients » (le Document) repose sur le postulat que le cadre réglementaire nécessite des améliorations pour « concilier les intérêts des personnes inscrites et de leurs clients, rehausser les résultats… Et clarifier la nature de la relation. » (p.2)

Parmi la liste des obligations explicites absentes de la réglementation actuelle et que le Document propose d’ajouter, on peut retrouver ces valeurs de base comme fondement à leur intégration. Par exemple, les conflits d’intérêts et leur gestion se rapportent à l’intégrité et à la transparence, la connaissance du client et l’information sur la relation se rapportent au respect, la compétence et la connaissance du produit, et sa convenance se rapportent à l’excellence. (4)

Toutes ces obligations visent à préciser et détailler ce qui est couvert comme comportements de la part des sociétés et des conseillers. Il est certainement réconfortant que la réglementation précise les comportements attendus ou les illustre. Toutefois, il sera toujours presque impossible de tout prévoir alors que l’adhésion aux valeurs offre un prisme à travers lequel on peut les qualifier et surtout agir en conséquence.

Un dernier point: le Document, à la page 7, cite une étude de novembre 2015 (5) indiquant que 90% des répondants estiment trop élevée la confiance qu’ils accordent aux conseillers. Sans entrer dans une polémique, disons que confiance et dépendance comme le note l’étude sont fort différentes. Et la confiance n’est pas aveugle : poser des questions à un médecin qui propose de vous couper les jambes ou demander une autre opinion, n’est pas nécessairement un manque de confiance… C’est peut-être là que l’information et l’éducation prennent leur sens.

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(1) Site de l’Institut de la confiance dans les organisations, www.institutdelaconfiance.org Me Donald Riendeau, directeur général et co-fondateur.

(2) Sommet international, L’Organisation créatrice de confiance, Montréal Théâtre Rialto, 9 et 10 mai, Présentation de Ève Laurier, directrice générale,Edelman Québec.

(3) idem (1).

(4) Document de consultation 33-404 des Autorités canadiennes en valeurs mobilières Propositions de rehaussement des obligations des conseillers, des courtiers et des représentants envers leurs clients- Voir Les Partie 4 , 5, 6 et 7 ainsi que les Annexes A,B,C,D et E.

(5) Étude intitulée National Smarter Investor Study publiée par la British Columbia Securities Commission le 3 novembre 2015.