Loi 188 : les agents généraux fourbissent leurs armes

À l’invitation du Conseil des professionnels en services financiers (CDPSF), les principaux agents généraux du Québec se sont réunis mercredi dernier à Laval afin d’intégrer leurs positions à un mémoire qui sera remis au ministre des Finances le 30 septembre prochain.

« Dix-huit agents généraux se sont réunis afin d’élaborer une position commune. C’est énorme ! », commente Yan Charbonneau, directeur général d’AFL Groupe Financier, un MGA qui sert environ 1 000 conseillers.

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Lors de cette réunion, les agents généraux ont principalement discuté des enjeux de la vente par Internet sans représentant.

Rappelons que le récent Rapport sur l’application de la Loi sur la distribution de produits et services financiers du ministère des Finances du Québec ouvre clairement la porte à la vente d’assurance de personnes par Internet sans représentant.

Dans cette perspective, il reviendrait aux assureurs, dit le Rapport, de veiller à ce que les clients aient « les renseignements nécessaires d’une manière exhaustive et en temps opportun » au moment de prendre leurs futures décisions d’achat sur le Web.

Il n’y a pas de produits simples

« Le problème, affirme Yan Charbonneau, c’est qu’il n’existe pas de produits simples en assurance de personnes pouvant être vendus sur le Web ».

Le patron d’AFL Groupe Financier résume ainsi la position des agents généraux réunis mercredi dernier : même des produits apparemment peu complexes comme des T10 ne doivent pas être vendus sur Internet sans l’aide de représentants.

« Prenons la T10. Ce produit comporte trop de facettes pouvant porter à confusion. La T10 est-elle transformable ? Renouvelable ? Si oui, en tant que T5, T10 ou sur une base annuelle ? Qu’est-ce qui correspond le mieux aux besoins du client ? », se demande Yan Charbonneau.

Selon lui, le client n’aura pas ces réponses, car il ne lira pas, jusqu’au bout, le contrat proposé sur Internet.

« Qui lira les dix, vingt ou trente pages qui décriront ces T10 et les autres produits d’assurance de personnes ? », dit-il.

Yan Charbonneau ajoute que l’intervention du conseiller est aussi importante que l’intervention d’un médecin au moment de l’achat de produits pharmaceutiques. « Pour notre propre santé, on ne peut pas acheter de médicaments sur Internet sans la prescription d’un médecin. La même chose devrait s’appliquer, pour notre santé financière, aux produits en assurance de personnes », dit-il.

Selon le directeur général d’AFL Groupe Financier, « les agents généraux sont conscients que la vente de produits d’assurance de personnes sur Internet est inévitable. Mais il faut s’assurer que les consommateurs soient protégés. Et pour cela, l’intervention du conseiller en sécurité financière est nécessaire », dit-il.

Yan Charbonneau lance une mise en garde. « Aujourd’hui, en assurance de dommages, les assureurs directs occupent 57 % du marché. Il ne faudrait pas que ça arrive en assurance de personnes », dit-il.

 

 Photo Photographe.eu / Shutterstock