Des services adaptés aux nouveaux arrivants
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Les immigrants sont devenus une clientèle incontournable pour les institutions financières alors que l’immigration n’a cessé de croître au cours de la dernière décennie. En 2012, plus de 55 000 immigrants choisissaient le Québec comme terre d’accueil, soit une augmentation de 6,4% par rapport à l’année précédente. Plus de 70% de cette diaspora immigre pour des raisons économiques et la vaste majorité est formée de travailleurs qualifiés et de gens d’affaires.

Si les nouveaux arrivants se partagent à parts égales entre les hommes et les femmes, force est de constater que la population immigrante est relativement jeune. En effet, sept immigrants sur dix ont moins de 35 ans.

C’est en 2007 que le Mouvement Desjardins a officiellement décidé de miser sur cette clientèle toute spéciale. L’institution met alors sur pied le Carrefour, un centre situé au centre-ville de Montréal où l’équipe a développé une expertise consacrée aux nouveaux arrivants et communautés culturelles.

L’offre de services de ce centre – qui n’est pas une succursale – s’articule autour des besoins propres aux nouveaux arrivants comme, par exemple, la création d’un historique de crédit. Tout est mis en oeuvre pour faciliter leur arrivée.

«Nous pouvons ouvrir un compte avant même que la personne arrive au pays et faire les transferts nécessaires pour qu’elle soit fonctionnelle dès son arrivée», indique Pierre-Franck Honorin, directeur Nouveaux arrivants et communautés culturelles chez Desjardins.

De l’équipe de dix personnes qui travaillent à accueillir les nouveaux arrivants, plusieurs sont issus de communautés culturelles facilitant ainsi la communication. «Mais un des aspects les plus importants est certainement l’éducation au fonctionnement du système financier nord-américain», note-t-il.

Spécificités culturelles

Une salle de conférence du Carrefour accueille de nouveaux immigrants pour des ateliers d’information. L’objectif: abattre les différences entre les pays d’origine et le Québec et, du coup, réduire les mauvaises surprises. «Par exemple, les nouveaux arrivants francophones – Belges, Français, Suisse – ont l’habitude que la retraite soit prise en charge par l’État, ce qui n’est pas le cas ici», dit-il.

Les comportements financiers prennent racine dans la culture d’origine d’un épargnant ou d’un investisseur. Par exemple, des communautés asiatiques comme les Chinois accordent beaucoup d’importance à l’achat de biens immobiliers. D’autres, comme les Vietnamiens, accordent une attention particulière à l’épargne-étude. « Nous leur expliquons les avantages de produits qui sont conçus à cette effet », dit-il.

À l’instar de Desjardins, la RBC souligne que l’offre de produits n’est pas spécialisée en fonction des différences culturelles. « Toutefois, ils n’ont généralement pas d’historique de crédit, ce qui est un défi en soit. Particulièrement lorsque nous savons qu’il faut une carte pour obtenir un simple téléphone cellulaire », indique Danielle Coutlée, directrice Stratégies chez RBC.

Pour leur donner le coup de pouce nécessaire, la RBC leur propose, sans enquête de solvabilité, la carte remise en argent RBC qui n’a aucuns frais annuels et dont la marge oscille entre 1000 dollars et 2000 dollars. « Le premier objectif est de leur donner un objectif de crédit. »

Reste l’inévitable barrière de la langue, le principal frein à la communication. À travers le Canada, la RBC a déployé sa « ligne téléphonique des langues ». Peu importe dans quelle succursale se trouve un client, ce service le conseiller qui l’accompagne pourra discuter avec locuteur de sa langue maternelle. « Cette ligne permet de parler à quelqu’un dans plus de 200 langues différentes », assure-t-elle.

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