« On a tendance à oublier les risques géopolitiques quand les marchés ont une période de hausse prolongée », reconnaît An-Lap Vo-Dignard, vice-président et conseiller en placements pour le Groupe VPP, associé à la Financière Banque Nationale (FNB).

« Et ce n’est parce qu’il n’y a pas de crise, qu’il n’y a pas de risque », poursuit Pascal Duquette, directeur de la Fondation HEC et ancien président de Gestion de Portefeuille Natcan.

Des impacts économiques

« Un risque géopolitique est un changement d’une situation mondiale qui ne provient pas d’un facteur économique, mais plutôt politique, continue Pascal Duquette. En revanche, ça peut changer les données économiques de base et le prix des commodités, et affecter la croissance économique.

Mais les conséquences d’un risque géopolitique ne sont pas nécessairement négatives. On pense notamment à l’ouverture de la Chine, qui a largement contribué au développement du commerce international.

« Cela a amené des avantages comparatifs, donc des diminutions de coûts, mais aussi un gain pour les consommateurs et pour l’économie en général », explique Pascal Duquette.

Sans compter que cela peut mener à des opportunités d’achat:.

« Les risques sont constants dans le marché, c’est pour cette raison qu’il y a des acheteurs et des vendeurs, indique An-Lap Vo-Dignard.Quand l’un pense que c’est un bon achat, l’autre estime que c’est surévalué.»

Et il n’y a pas forcément de corrélation entre les marchés boursiers et les impacts humains engrangés engendrés par un risque géopolitique. « Nous regardons surtout comment ce risque peut influencer l’économie », concède An-Lap Vo-Dignard.

« Il faut également décortiquer les impacts d’un risque, puisque toutes les industries ne sont pas touchées de la même façon. Certains secteurs peuvent tirer bénéfice d’un conflit par exemple », continue An-Lap Vo-Dignard.

Un travail d’analyse

Si les conseillers en placement et les gestionnaires de portefeuille sont conscients des risques, ces derniers ne sont pas pour autant prévisibles.

« Il en existe deux types: ceux qui sont mesurables et que l’on peut inclure dans nos analyses, et ceux que l’on peut difficilement prédire et quantifier d’avance », indique Pascal Duquette.

C’est là qu’interviennent les analystes, les économistes et les stratèges, qui agissent parfois à l’interne comme c’est le cas dans les grandes institutions financières. Ils vont alors produire des rapports qui permettront de bâtir différents scénarios, basés sur plusieurs niveaux de probabilités.

« Ça nous aide à nous positionner. On ne fait jamais de mouvement drastique, mais on ne peut pas non plus être trop prudent, raconte An-Lap Vo-Dignard. On va donc de l’avant avec le scénario le plus probable et, dès que le risque devient mesurable, nous commençons à nous ajuster.»

« Comme les risques géopolitiques sont à probabilité faible, mais à impact important, le plus difficile pour un gestionnaire est de continuer à générer du rendement », conçoit Pascal Duquette.