Fintech et encadrement réglementaire : le choix de la prudence
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L’évolution technologique transforme déjà le rôle du conseiller, et ce n’est qu’un début, signalait Gaétan Veillette, planificateur financier, représentant en épargne collective et conseiller en sécurité financière au Groupe Investors, lors d’un entretien avec Finance et Investissement, à la fin de 2016.

« La numérisation va faire une grosse différence et les transactions électroniques aussi, c’est pourquoi il ne faut pas hésiter à faire usage des dernières technologies dans sa pratique. Le conseiller, plutôt qu’un rôle transactionnel ou de dispensation d’information de base, va être amené à jouer un rôle plus stratégique pour son client », a-t-il indiqué.

De fait, le taux d’adoption des technologies financières, particulièrement chez les plus jeunes adeptes, démontre l’engouement envers cet amalgame entre la finance et la technologie.

Près de 7 québécois sur 10 ont réalisé des opérations en ligne ou sur leur téléphone mobile, indique une récente enquête du CEFRIO. Les conseillers financiers ne doivent donc pas tarder à emboîter le pas et à exploiter le potentiel offert par les fintech.

« Les prestataires de services financiers doivent passer en revue l’expérience, les produits et les services qu’ils proposent à leur clientèle de façon à les adapter à la nouvelle réalité », suggérait Sylvain Vincent, associé de la firme EY, lors de la publication l’an dernier d’une étude sur le déploiement des technologies financières.

Jeunes et bien nantis

Les adeptes des technologies financières sont jeunes et financièrement à l’aise. Les institutions financières ont donc intérêt à se convertir aux services de technologies financières, constatait l’étude.

« L’appropriation d’une importante part de marché est en jeu », soulignait Michel Bergeron, leader du secteur des services financiers au Québec chez EY.

Selon l’indice d’EY, le taux d’utilisation des technologies financières est plus élevé chez les consommateurs canadiens dont le revenu annuel dépasse les 150 000 $ (20 %). Il tombe à 15,1 % chez les consommateurs gagnant entre 70 001 $ et 150 000 $ par année, et à 7,9 % chez ceux dont le revenu annuel se situe entre 30 001 $ et 70 000 $.

Facilité d’accès

La facilité d’établir un compte constitue la principale raison invoquée par les utilisateurs des technologies financières. Des frais plus attrayants, une meilleure qualité de service et des produits plus innovateurs sont d’autres facteurs d’importance qui en font des adeptes.

Par ailleurs, c’est la méconnaissance des produits et services disponibles, plutôt qu’un manque de confiance, qui freine pour l’instant l’adoption de nouvelles technologies financières. Une situation qui s’inversera rapidement au fur et à mesure de la montée des clients dans le train des fintech.

Plus de la moitié (57,2 %) des consommateurs adeptes des technologies numériques qui n’ont pas utilisé deux produits de technologies financières ou plus affirment qu’ils ignoraient l’existence des produits offerts.

Seulement 10,3 % des Canadiens sondés affirment ne pas avoir utilisé ces produits du fait qu’ils ne leur inspirent pas confiance.

« Ce constat ébranle la perception que nous avions du niveau de confiance des Canadiens, et les prestataires de services financiers traditionnels doivent assurément en tenir compte », selon Michel Bergeron.

Savoir s’adapter, être au fait des nouveaux outils technologiques disponibles, des canaux à travers lesquels les clients veulent progresser est incontournable pour tout conseiller, estime Gaétan Veillette.

Il est toutefois d’avis qu’au-delà de la gamme de produits financiers, il y a les services conseils. « C’est la clef de voute qui permet de maintenir la cohérence de la relation client-conseiller. Il faut faire équipe avec le client et équipe avec les professionnels qui entourent le client. Il faut pouvoir agir comme un guide et offrir à celui-ci une vue d’ensemble sur la situation ».