Don Reed de Franklin Templeton : un bilan de 46 années de carrière
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M. Reed, qui a pris sa retraite le 31 janvier, continue à siéger aux conseils d’administration du Fonds de croissance Templeton et de la Catégorie de société à séries multiples Franklin Templeton, dans un rôle non-décisionnel. Il avait été personnellement recruté par feu Sir John Templeton et s’était joint à la société autrefois appelée Templeton, Galbraith and Hansberger  en septembre 1989.

M. Reed a commencé à gérer le Fonds d’actions internationales Templeton à partir de décembre 1989 et la Catégorie de société internationale d’actions Franklin Templeton depuis son lancement en juin 2001. Ses fonctions de gestionnaire principal ont été reprises par Peter Moeschter, vice-président exécutif et gestionnaire de portefeuille du Groupe des actions mondiales Templeton, qui continue d’appliquer une discipline ascendante axée sur la valeur.

Dans une entrevue avec Morningstar à l’occasion de son départ à la retraite le 31 janvier, M. Reed rendait hommage à son mentor de longue date, Sir John Templeton, en relatant ce que les investisseurs devraient savoir au sujetde l’investissement axé sur la valeur :

S’en tenir à une discipline axée sur la valeur peut parfois s’avérer être douloureux. M. Reed se rappelle que durant le marché baissier mené par la technologie à la fin des années 1990, le groupe Templeton de gestionnaires avec lesquels il travaillait ne détenait aucun titre de technologie, tout simplement parce qu’ils ne répondaient pas à leurs critères de valeur. En ne dérogeant pas de leur discipline, les gestionnaires ont dû s’accommoder de commentaires comme : « Ces gars de chez Templeton, ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils n’investissent même pas dans ces titres de technologie. » L’effondrement du marché qui s’est ensuivi a justifié la décision de gestionnaires privilégiant la valeur comme M. Reed et ses collègues.

Avec certaines actions, la patience et l’investissement à long terme peuvent aller de pair. « Le taux de rotation du Fonds d’actions internationales Templeton était de 16 % l’année dernière, dit M. Reed. Nous n’avions pas de titres à vendre pour en acheter d’autres qui, pensions-nous, auraient été plus performants. Parmi les avoirs à long terme du fonds, on compte China Mobile, le plus grand fournisseur de services cellulaires au monde, dans lequel le fonds a investi en 2001. La compagnie compte plus de 800 000 abonnés, fait remarquer M. Reed, et la population de la Chine compte plus de 1,3 million d’habitants. « Il y a une croissance phénoménale de l’utilisation de données, dit M. Reed, et la Chine est très en retard dans ce domaine par rapport aux États-Unis. Si la compagnie arrive à doubler son volume actuel, et c’est ce qui va se produire », les actionnaires seront récompensés.

Une société par ailleurs excellente peut ne pas représenter une bonne valeur. Il y a de nombreuses années, lorsque Sir John Templeton s’adressait à un groupe à New York, quelqu’un lui avait demandé pourquoi il ne détenait pas Quaker Oats Co. dans son portefeuille, acquise en 2001 par PepsiCo. M. Reed se rappelle avoir répondu en disant : « Chaque matin quand je me lève, je mange mes céréales de Quaker Oats, et tout le monde sait que c’est une excellente compagnie. Mais elle est surévaluée, trop chère, alors je ne vais pas l’acheter. »

La recherche sur le terrain est essentielle. La première fois que M. Reed s’est rendu à Hong Kong, il a rencontré Mark Mobius, le gestionnaire de longue date du Fonds de marchés émergents Templeton, qui l’a envoyé faire des recherches sur le terrain avec deux analystes et rendre visite aux compagnies. Lors de ces visites, M. Reed a recueilli des renseignements précieux et a découvert la culture locale. Outre les discussions avec les dirigeants d’une compagnie, M. Reed dit qu’il est tout aussi important de parler aux clients de la compagnie, aux fournisseurs et au personnel en magasin.

La vaste quantité de renseignements disponibles est un bienfait tout relatif. « Même pour les analystes, dit M. Reed, c’est beaucoup de renseignements. Certes, ces renseignements sont nécessaires, mais c’est comme toujours, il faut faire preuve de jugement. »

Investir à l’échelle mondiale réduit vos risques. Le Canada représentant seulement environ 5 % du marché mondial, M. Reed croit dans les avantages que les Canadiens peuvent tirer de l’élargissement de leurs horizons. « Il n’est pas prudent d’investir seulement dans le marché canadien et ses secteurs riches en ressources naturelles, dit M. Reed, à moins que vous puissiez supporter la volatilité. La volatilité du pétrole est phénoménale. »

Le Canada comporte ses propres compagnies d’envergure mondiale. Le Canada comporte des compagnies qui se démarquent mondialement dans certains secteurs, comme les services financiers. « Durant la crise financière, les meilleures banques au monde étaient les banques canadiennes », dit M. Reed, qui fait remarquer que ces banques ne participaient pas beaucoup au marché des prêts à risque qui ont accablé les prêteurs américains pendant la crise financière de 2008.

Perdre une fois ça va encore, mais pas plus. « Je pense que l’année 2008, dit M. Reed, a sapé le moral de beaucoup d’investisseurs. Nous avons à cette époque publié un travail de recherche intitulé Ne perdez pas deux fois (Don’t lose twice), et ce conseil tient toujours. « Vous avez perdu de l’argent en marché baissier, alors ne vendez pas tout. Profitez de cette occasion pour rétablir la situation en investissant dans les fonds communs. Si vous vendez votre position, vous perdez l’occasion d’une hausse. »