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« Se lancer en affaires n’est pas instantané; il faut faire démarrer la roue, et cela demande d’énormes sacrifices financiers, parce qu’il n’y a que des dépenses, pas de revenus », fait remarquer Sylvain De Champlain, président de De Champlain Groupe financier.

« Nous conseillons à nos clients d’amasser au moins six mois de réserves financières, donc les professionnels indépendants devraient faire de même », ajoute Mario Grégoire, président du conseil d’administration et directeur général de la Corporation des professionnels en services financiers (CDPSF).

Investir pour se faire un nom

Au cours de la première année, l’indépendant devra consacrer une très grande part de son budget, et de son temps, aux activités de représentation.

« Parce qu’il y a du démarchage à faire pour se constituer une clientèle et un réseau de contacts, il sera amené à se déplacer beaucoup, à utiliser abondamment son cellulaire et à participer à de nombreux repas d’affaires », détaille Mario Grégoire.

« Il faut voir ça comme un investissement dans son image de marque, et non comme une dépense », souligne Sylvain De Champlain, également associé chez Virage Coaching. Idem pour la publicité en ligne.

Si messieurs De Champlain et Grégoire estiment qu’une présence – peu coûteuse – sur les réseaux sociaux est suffisante, Philippe Ventura, propriétaire de Chevalier, Meunier et Associés, soutient quant à lui qu’investir dans un site web est important, car celui-ci « établit tout de suite une crédibilité » auprès du public.

Partager un bureau, une dépense qui rapporte

Pour réduire ses frais de fonctionnement et profiter d’avantages fiscaux, un indépendant qui débute peut choisir de travailler à partir de chez lui au lieu d’avoir pignon sur rue. L’option intermédiaire, soit partager un bureau avec d’autres professionnels, peut aussi s’avérer profitable.

« Il y a de plus en plus de centres d’affaires qui permettent de diviser les coûts fixes – téléphone, internet, électricité, etc. -, tout en offrant un environnement propice au réseautage et au référencement », fait valoir Mario Grégoire.

D’ailleurs, les trois professionnels recommandent aux nouveaux venus de bien s’entourer, en intégrant, par exemple, un cabinet indépendant déjà établi ou en s’associant avec un senior qui commence à réfléchir à sa retraite.

Le rachat de cabinet, une option à évaluer

Le rachat d’un cabinet est une autre des options envisageables. C’est ce qu’ont fait Sylvain De Champlain et Philippe Ventura.

« Je pense que c’est la façon la plus simple de faire , déclare ce dernier, aussi représentant en épargne collective lié au Groupe financier PEAK. Tu achètes une clientèle, des bureaux, toutes les fournitures et parfois même du personnel. Ensuite, tu analyses les revenus qui entrent déjà et tu étales ta dette de manière à retirer un revenu intéressant. »

Il est également important de ne pas oublier de budgéter les incontournables frais d’avocats et de comptables liés au changement de propriétaire.

Finalement, dans tous les cas de figure, l’indépendant devra prévoir une réserve destinée à acquitter ses droits de pratique auprès de l’Autorité des marchés financiers, sa cotisation à la Chambre de sécurité financière ainsi que sa prime d’assurance responsabilité professionnelle et ses activités obligatoires de formation continue. Le montant nécessaire variera selon le type de pratique et le nombre de permis distinct qu’il possède.