«Les gens n’arrêtaient pas de me dire que ce modèle d’affaires n’était pas durable», dit Shannon Lee Simmons.

Cependant, celle qui se qualifie elle-même de «personnalité de type A», a oeuvré à tracer sa propre voie en créant une pratique unique qui connaît du succès, tout en étant durable sur le plan financier.

Shannon Lee Simmons a terminé un baccalauréat spécialisé en études économiques en 2007 et a commencé sa carrière chez Phillips Hager & North Investment Management (PH&N) un mois plus tard. Devenue planificatrice financière agréée et gestionnaire de portefeuille, elle fait ses premières armes en servant les clients nantis de la firme.

Shannon Lee Simmons, maintenant âgée de 32 ans, était entrée chez PH&N parce qu’elle appréciait l’indépendance de la firme. Toutefois, cette situation change en 2008 lorsque la Banque Royale du Canada fait l’acquisition de PH&N.

À peu près en même temps, la crise financière mondiale ébranle les marchés et de nombreux milléniaux, particulièrement les femmes, s’inquiètent de leur situation financière.

«J’ai alors pensé : « Ma génération a d’énormes lacunes de connaissances, dit Shannon Lee Simmons. Il n’y [avait] pas vraiment d’endroit abordable où vous adresser si vous ne possédiez pas l’actif nécessaire pour avoir un conseiller. »»

À la recherche d’un changement par rapport à l’environnement des grandes banques et dans l’espoir d’aider d’une manière ou d’une autre ce groupe démographique sous-représenté, Shannon Lee Simmons a économisé assez d’argent pour quitter PH&N et lancer le projet Barter Babes.

Ce projet d’une durée d’un an avait pour objectif de rendre le conseil financier «accessible, plaisant et abordable», dit Shannon Lee Simmons. La rémunération était basée sur l’échange de biens et de services.

«J’ai offert des services financiers à 310 femmes, et je n’ai jamais accepté de rémunération monétaire», affirme Shannon Lee Simmons.

Ses clientes avaient entre 20 et 60 ans, la plupart étaient dans le groupe d’âge le plus jeune. À la place d’un paiement, Shannon Lee Simmons recevait des articles en échange de ses services, comme un iPhone, un vol pour Chicago, deux bicyclettes, de nombreuses coupes de cheveux et des séances d’entraînement personnel. La demande a été si forte qu’elle a atteint sa pleine capacité plusieurs mois avant que l’année ne soit terminée.

En dépit du manque de rentabilité de l’expérience, sa popularité a encouragé Shannon Lee Simmons à rechercher une autre façon de conseiller ces types de clientèles mal servies. C’est alors qu’elle décida de lancer la New School of Finance, une entreprise de Toronto qui offrirait des cours en ligne et une planification financière basée sur des honoraires et allant du budget à la planification de la retraite.

De 75 à 80 % des revenus de l’entreprise proviennent de conseil basé sur des honoraires, tandis que le reste vient des cours en ligne.

«Notre principal gagne-pain, ce sont les jeunes familles qui tentent d’acheter une maison, se marient, paient leurs dettes d’études, ont des enfants, font leur vie et commencent à planifier leur retraite», dit Shannon Lee Simmons.

Souvent, les rencontres avec Shannon Lee Simmons comprennent des tests de résistance afin de déterminer si les clients peuvent vraiment se permettre d’acheter une nouvelle résidence ou d’agrandir leur famille. Shannon Lee Simmons leur présente des scénarios : «Que se passera-t-il si le chauffe-eau tombe en panne ?» ou «Et si à la place du bébé prévu, vous aviez des jumeaux ?»

«[Tenir compte des coûts supplémentaires] peut constituer un tournant décisif pour certaines personnes, même si selon un calculateur en ligne, tout était correct pour elles.»

Elle ajoute que, souvent, des conversations de ce genre peuvent transformer des décisions chargées d’émotion en décisions financières.

Le bureau de la New School of Finance compte actuellement cinq personnes (deux planificateurs financiers, un paraplanificateur et deux membres de personnel de soutien), mais pendant les deux premières années et demie, Shannon Lee Simmons a bâti l’entreprise à partir de son salon.

«C’est un modèle d’affaires vraiment difficile du point de vue du travail préparatoire, parce vous devez bâtir un volume d’affaires plus important qui n’a pas de garantie annuelle, dit Shannon Lee Simmons. Si quelqu’un vient vous consulter une fois, son retour n’est pas assuré.»

Pour faire décoller l’entreprise, Shannon Lee Simmons a passé les trois premières années, et ce, jusqu’à trois fois par semaine, à assister à des événements de réseautage et à trimballer un projecteur dans le réseau de transport public de Toronto afin d’offrir des présentations éducatives gratuites. Selon Shannon Lee Simmons, ces séances d’information, méthode différente du démarchage téléphonique, lui ont fourni la possibilité de bâtir sa marque et d’établir des liens avec les participants.

Bon nombre de ces séances consistaient en «brunch and learn» : quelqu’un recevait des amis chez lui pour un brunch du dimanche au cours duquel elle expliquait des concepts, comme celui du CELI, raconte-t-elle.

Pour Shannon Lee Simmons, une autre manière de se constituer un auditoire était de communiquer sur Facebook avec des groupes, tels que des artistes et des travailleurs autonomes, et de leur proposer des séminaires gratuits.

Selon Shannon Lee Simmons, cet auditoire était constitué principalement de groupes dont les membres recherchaient de l’information financière et en avaient besoin, mais avaient rarement l’occasion de rencontrer quelqu’un qui pouvait leur fournir le conseil qui leur convenait.

Maintenant, 80 % des clients qui se présentent à la New School le font parce qu’on la leur a recommandée, dit Shannon Lee Simmons. Elle attribue cela à ce qu’elle appelle «l’effet du lundi» : les amis et la famille parlent de ce qu’ils ont fait pendant la fin de semaine, et quand les questions financières viennent sur le tapis, un ancien client recommande Shannon Lee Simmons et son équipe. «Et tout à coup, le lundi, nous avons une inscription», dit-elle.

De son côté, Shannon Lee Simmons ne se gêne pas pour demander des recommandations. «À la fin de chaque formation, je regarde [les participants] dans les yeux et je leur dis : « Si vous avez aimé le service que vous avez reçu ici, dites-le à quelqu’un ».»

Une chronique mensuelle dans le Globe and Mail et des apparitions régulières à CBC Radio et à l’émission «On The Money» de CBC News Network l’ont également aidée à attirer de nouveaux clients.

Toutefois, Shannon Lee Simmons n’est pas devenue instantanément une ressource de référence des médias. «J’ai passé cinq ou six ans à bloguer et à faire des présentations, et à bloguer et à faire des présentations», dit-elle.