« L'étalon-or en investissement, c'est la désignation CFA » - Sophie Palmer
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Finance et Investissement (FI) : Pourquoi le CFA Institute a-t-il choisi Montréal pour tenir sa conférence annuelle ?

Sophie Palmer (SP) : C’est tout un honneur pour nous, CFA Montréal, de recevoir la conférence annuelle du CFA Institute. La ville offre beaucoup d’avantages. Il faut dire que ce n’est pas si simple qu’il y paraît de trouver une ville capable de recevoir autant de délégués. Il y a des délégués en provenance de plus de 50 pays. Montréal est facile d’accès et se trouve géographiquement très proche de plusieurs autres grands centres financiers en Amérique du nord, que ce soit Toronto, New York ou Boston, par exemple.

Il faut également dire que le choix de Montréal n’est pas anodin. Notre association locale est la dixième plus grande association dans le monde. Nous comptons 2 500 membres, ce qui est beaucoup per capita. Ce n’est pas la première fois que la conférence annuelle se déroule à Montréal. La première fois c’était en 1959 et c’était alors la première fois ou cette conférence était organisée à l’extérieur des États-Unis. La dernière fois qu’elle a été organisée au Canada, c’était en 2008, à Vancouver, et ils avaient battu le record en terme de délégués. Mais nous sommes compétitifs et nous avons battu ce record cette année. Il faudra maintenant attendre au moins un autre dix ans avant que la conférence annuelle soit de nouveau présentée au Canada.

Cela fait 69 ans que le CFA Institute organise ce type d’évènement, c’est une machine qui roule très bien et ils ont amené des conférenciers de calibre assez extraordinaire. Aussi, nous sommes impliqués à titre d’association locale et nous avons ajouté une saveur locale avec des conférenciers issus de la Caisse de dépôt et placement du Québec, du fonds de retraite Teachers’, et de la Banque du Canada, par exemple.

La tenue d’un évènement de cette stature, c’est aussi très stimulant. Ça ouvre l’esprit lorsque l’on peut échanger avec quelqu’un de Hong Kong ou du Mexique qui fait le même travail. C’est très nourrissant de voir ce qui se passe à travers le monde, au delà de notre focus Québec ou Montréal.

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(FI) : Qu’est-ce qui explique le nombre élevé de membres au sein du chapitre CFA montréalais ?

(SP) : Nous avons beaucoup d’universités à Montréal et le titre CFA y jouit d’une belle notoriété. On le remarque aussi auprès des employeurs et des régulateurs. L’étalon-or en investissement, c’est la désignation CFA. Le programme de CFA touche à tout, l’éthique, l’investissement dans tous les produits, que ce soit le secteur alternatif, les actions, les obligations, ça touche aussi à l’économie, au quantitatif, à la planification, la finance comportementale, la répartition de l’actif, la duration, l’aversion au risque. L’expertise des CFA est très large et notre profession est globale en matière d’investissement. Toutefois, le pourcentage le plus élevé de détenteurs de la charte CFA évolue en gestion d’actif.

Toutes les associations CFA à travers le monde désirent maintenant mettre la priorité sur les investisseurs. J’ai beaucoup d’admiration pour Paul Smith, qui est le président du CFA Institute. Il a énormément fait bouger les choses depuis 15 mois à cet effet à travers le monde. En septembre, il y aura d’ailleurs une campagne à travers le Canada visant à démontrer les bénéfices pour les investisseurs d’un détenteur de la charte CFA.

Pour notre part, nous avons fait une grosse campagne cette année auprès des professionnels en produisant une série de feuillets assimilable à de la formation continue. Nous avons également produit des feuillets destinés aux investisseurs.

Je travaille auprès de clients privés et s’il y a une chose que l’on remarque souvent en finance, c’est que nous devons toujours justifier un peu qui nous sommes, ce que l’on fait et pourquoi un investisseur devrait demander un titulaire de la charte CFA. Pourtant, lorsque l’on se rend chez le médecin ou le dentiste, on remarque les diplômes accrochés sur le mur et l’on sait qu’il va nous arracher la bonne dent. Du côté des investisseurs, on en voit beaucoup qui « s’auto médicamentent », qui prennent des décisions et pensent qu’ils sont capable de gérer adéquatement leurs actions, même s’il ne comprennent rien en répartition d’actif. Pour certain, c’est difficile de lâcher les rênes, mais il faut que les investisseurs placent leur confiance dans les professionnels capables de prendre les choses en main pour eux.

(FI) : Le principal thème de la conférence annuelle s’attarde aux changements apportés à la gestion de l’investissement par les progrès technologiques. Quelle est votre opinion sur le sujet ?

(SP) : Je pense que même si les progrès technologiques et l’apparition de nouvelles plates-formes d’investissement vont rendre les choses plus efficaces, l’humain aura toujours sa place. D’une part, il faudra des gens pour construire ces systèmes. Surtout, les investisseurs auront quand même besoin de contacts humains. C’est notamment vrai en temps de crise. J’ai vécu la crise de 2008-2009 et au téléphone, nous devenions de véritables psychologues. Nous étions amené à avoir une relation qu’une machine ne peut pas offrir. L’investissement est souvent un acte très personnel. Lorsque l’on pense aux femmes, par exemple, on sait qu’il y aura une croissance du nombre de veuves qui vont se retrouver avec d’importants actifs à gérer. L’aspect humain va être encore plus important dans une situation comme celle-là pour pallier à toute cette technologie qui arrive.